Un enduit bien appliqué… peut virer au cauchemar !
Lors d’une rénovation, l’application d’un enduit (pour corriger des défauts ou lisser un support) peut parfois réserver de mauvaises surprises, surtout en automne ou en hiver.
Quand le support fait des siennes
Lorsque la température baisse, le support se refroidit également. Ce phénomène est amplifié dans un logement peu chauffé ou mal isolé.
Un support humide ne doit jamais être enduit. Heureusement, l’humidité peut se détecter facilement : en passant la main ou en enfonçant doucement la pointe d’un tournevis, on peut sentir de l’eau ou un fond humide.
Mais même sur un support frais, mais non humide, il faut redoubler de vigilance. Le séchage de l’enduit sera plus long et peut entraîner des complications.
Un enduit appliqué correctement
Comme on peut le voir sur la photo n°1, l’enduit a été correctement appliqué, le travail est propre. Il n’y a, à première vue, pas de problème à l’horizon…
Micro-fissures et signes avant-coureurs
Sur la photo n°2, on remarque de petites fissures peu profondes. En sondant avec l’aboutement d’un couteau à enduire, on perçoit un son légèrement creux, parfois difficile à entendre.
Pour tester la cohésion de l’enduit, il suffit de gratter légèrement dans la zone micro-fissurée… et là, le problème devient évident.
Le défaut d’adhérence
Sur la photo n°3, le « vide » entre l’enduit et le support est clairement visible. Il s’agit d’un défaut d’adhérence qui compromet la suite des travaux.
Que s’est-il passé ?
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L’enduit a besoin de 6 à 24h pour sécher, selon la température et l’épaisseur.
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Certains enduits très chargés ou cellulosiques peuvent nécessiter plus de temps, mais un enduit de lissage ou de dégrossissage appliqué jusqu’à 2 mm ne doit pas dépasser 36h de séchage.
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Un fond relativement frais (à partir de 12°C, il est possible de faire face à des difficultés) dans une pièce peu chauffée et/ou mal aérée ne permet pas une évaporation rapide. L’humidité forme alors une « barrière » entre le fond et l’enduit, un peu à la manière d’un coffrage.
On dit alors que l’enduit a manqué de mordant car il « claque » : c’est ce fameux son creux que l’on entend et que l’on retrouve principalement sur fond à base de plâtre, lorsque ce dernier a été mal appliqué.
L’impact de la température et du chauffage
La température du support est un facteur majeur, mais le mode de chauffage peut également jouer un rôle.
Un radiateur de chantier ou une pompe à chaleur air/air accélère le séchage en surface, sans l’améliorer à coeur.
À cœur, c’est-à-dire à l’intérieur de l’enduit, un séchage trop lent peut provoquer des micro-fissures : la surface se durcit tandis que l’intérieur reste frais, générant des tensions internes qui font craquer l’enduit.
À la différence des cloques dues à une poussée hydrostatique (causée par un support détrempé), ces micro-fissures sont moins spectaculaires mais tout aussi problématiques sur un fond trop frais.
Que faire ?
Il est souvent impératif de purger le fond pour éliminer l’enduit non adhérent. La réparation ponctuelle n’est viable que si la zone concernée est très localisée.
Méthode recommandée :
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Gratter avec un riflard courbé pour passer sous l’enduit et le détacher par plaques (photo n°4).
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Poncer le support avec un abrasif P150, sans forcer.
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Dépoussiérer soigneusement avec un chiffon microfibre ou en époussetant si le support est en plâtre.
Pour un résultat durable :
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Maintenir la pièce correctement chauffée.
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Enduire les zones froides en plusieurs passes fines, avec un délai de séchage plus long entre chaque couche.
Ainsi, le travail sera plus durable et vous éviterez que l’enduit ne fissure ou ne se décolle à la moindre sollicitation.




