Ligaturer une brosse à réchampir : simple ou double étage ?

Lorsque l’on décide d’acheter du matériel pour réaliser des travaux de finition, en l’occurrence des brosses à réchampir, on remarque que certaines d’entre elles sont équipées d’une ficelle qui enroule les fibres. Il s’agit de la ligature que l’on appelle également le collet.

Avant de parler spécifiquement de la ligature, on va s’intéresser aux différents éléments qui composent une brosse.

  • Une brosse à réchampir, késako ?

Une brosse se compose d’un manche (parfois nommée la hampe) qui est principalement en hêtre, apprécié pour sa dureté. On trouve également du pin sur des brosses d’entrée de gamme. Un manche en bois peut être brut, brut poncé, poncé et huilé, poncé et ciré ou poncé et vernis, ce qui facilite le nettoyage.

Certains manches sont également en PVC, en polypropylène associé ou non à l’élastomère (bi-matière).

On trouve également une bague juste au-dessus du manche, que l’on appelle une virole. Selon la gamme, la virole est en cuivre, en acier inoxydable, en acier cuivré, nickelé ou laitonné et même en fer blanc (alliage d’acier et d’étain). La virole centralise la base des fibres (la partie racine), en coffrant et en associant le manche et les fibres par collage (colle époxy mais il y en a d’autres…) lors d’un montage monobloc. Il existe également un autre type de montage dans lequel les fibres sont mise en place dans la virole puis l’ensemble est collé. Une fois le collage bien sec, le manche est introduit dans la virole qui reçoit de nouveau de la colle (une réservation est réalisée pour que le manche rentre sans difficulté). Le montage de la brosse est désormais terminé.

La partie des fibres au-dessus de la virole s’appelle le ventre, c’est là que la peinture se stocke au fur et à mesure que l’on travaille.

Attention, la peinture ne doit pas descendre et migrer profondément au cœur de la brosse, au risque de la déformer. Cela favorise également les coulures sur le manche tout en rendant difficile le nettoyage lorsque le travail est terminé.

À l’extrémité de la brosse, on retrouve la partie fleurée (la fleur). Il s’agit de la section fuselée de la brosse à réchampir. Cette zone permet de travailler la peinture et de l’estomper car la fleur doit conserver sa partie fourchue pour retenir la peinture et limiter la surcharge. Sur des brosses d’entrée de gamme, celle-ci est bien souvent absente car les fibres sont taillées et ébarbées à la machine. Le toucher de fibre est alors plus rêche, la strie de brosse beaucoup plus marquée.

L’ensemble des fibres d’une brosse compose ce que l’on appelle la tirure, que l’on nomme couramment la sortie de fibres (de la base de la virole jusqu’à l’extrémité), la longueur étant exprimée en millimètres. Plus la tirure est longue, plus le toucher de fibres est souple, ce qui n’est pas forcément un gage de qualité et dépend du travail à effectuer. Une tirure longue est appréciable lorsque l’on laque un support, cela permet de bien estomper la peinture (strie de brosse discrète), mais lorsque l’on peint un mur, une tirure longue est d’un moindre intérêt.

  • Une ligature, cela sert à quelque chose ?

Oh oui et en plus, cela ajoute une note esthétique qui n’est pas déplaisante…

Une ligature est une ficelle d’un diamètre variable, très souvent en polyester mais que l’on peut également trouver en coton, en lin, voir même en chanvre.

La ligature se positionne juste au-dessus de la virole pour maintenir la base des fibres le plus serrée possible.

Si les fibres ne sont pas maintenues, le réchampi est moins précis avec des conséquences parfois insoupçonnées :

  • Une brosse non ligaturée a des fibres qui sortent du gabarit, cela ayant pour conséquence d’élargir la largeur nominale de la brosse (une brosse de 25 mm ayant un réchampi d’environ 29 mm).
  • A brosse équivalente, une brosse non ligaturée subit une baisse de rendement car la peinture a plus de facilité à migrer à l’intérieur des fibres, vers la virole. Les fibres deviennent bouffantes (effet bouffant), elles gonflent et se déforment, ce qui augmente également la largeur du réchampi et réduit de facto la longueur du réchampi. 

Par le passé, presque toutes les brosses étaient ligaturées, surtout celles utilisant des soies naturelles à base de crin de cochon ou de sanglier. Le crin étant particulièrement sensible à l’humidité, la ligature apporte une solution (en évitant l’effet chou-fleur) lors de l’application de peinture acrylique ou ayant une base aqueuse.

De nos jours, les fibres synthétiques et le mélange optimisé (fibres synthétiques et soies naturelles) demeurent moins sensible à l’effet bouffant mais, il n’empêche, la ligature améliore toujours la qualité du réchampi, peu importe le type de fibres.

Il faut savoir que plus la tirure d’une brosse est longue, plus la ligature sera haute. Également, plus les fibres d’une brosse ont de la souplesse, plus celles-ci ont besoin d’une ligature.

 Je vous ai préparé deux tableaux (aux petits oignons…) dans lesquelles je vous précise lorsqu’il est nécessaire de réaliser une ligature à simple ou à double étage (sa hauteur également et cela a de l’importance) en fonction de la longueur de la tirure et du diamètre de la brosse.

DIAMETRE ET TAILLE DE BROSSE A RECHAMPIR SORTIE DE FIBRES LIGATURE HAUTEUR DE LIGATURE
11 mm – 5/0 46 à 51 mm Simple étage 8 à 10 mm
13 mm – 4/0 50 à 55 mm Simple étage 9 à 11 mm
15 mm – 3/0 50 à 55 mm Simple étage 9 à 11 mm
18 mm – 0 58 à 62 mm Simple étage 10 à 12 mm
21 mm – 2 63 à 68 mm Simple étage 11 à 13 mm
25 mm – 4 71 à 81 mm Simple étage 12 à 14 mm
27 mm – 5 71 à 81 mm Simple étage 12 à 14 mm
29 mm – 6 82 à 88 mm Simple étage 14 à 16 mm
32 mm – 8 82 à 88 mm Simple étage 14 à 16 mm

 

DIAMETRE ET TAILLE DE BROSSE A RECHAMPIR SORTIE DE FIBRES LIGATURE HAUTEUR DE LIGATURE
11 mm – 5/0 43 à 45 mm Double étage 5 à 7 mm
13 mm – 4/0 45 à 49 mm Double étage 5 à 7 mm
15 mm – 3/0 45 à 49 mm Double étage 5 à 7 mm
18 mm – 0 51 à 57 mm Double étage 6 à 8 mm
21 mm – 2 54 à 62 mm Double étage 7 à 9 mm
25 mm – 4 64 à 70 mm Double étage 8 à 10 mm
27 mm – 5 64 à 70 mm Double étage 8 à 10 mm
29 mm – 6 74 à 81 mm Double étage 10 à 12 mm
32 mm – 8 77 à 81 mm Double étage 10 à 12 mm

 

En deçà de la sortie de fibres préconisée, il reste possible de ligaturer une brosse mais la tirure étant courte, cela n’apporte pas autant de bénéfice qu’avec une tirure plus généreuse. D’ailleurs, il n’y a pas de secret, une tirure plus courte est très largement synonyme de brosse d’entrée de gamme, y compris sur le marché professionnel.

Sachez également que la grande majorité des fabricants de brosses qui posent des ligatures le font généralement avec des hauteurs inférieures et de manière normalisée, sur toutes les tailles de brosses (certains diamètres de brosses n’étant pas équipés de ligature lors de la fabrication). Rien ne vous empêche de les retirer pour les refaire vous-même, elles sont bien souvent collées avec des colles vinyliques qui se décollent aisément sous l’eau tiède.

Refaire une ligature c’est bien mais si nous ne sommes pas capables de le faire, cela ne nous apporte rien.

Cela tombe bien, c’est la première chose que l’on m’a apprise lorsque je suis devenu apprenti (en 2001). Je vais me faire un plaisir de vous donner la technique, il suffit simplement de prendre de la ficelle de cuisine (d’au moins 1 mm de diamètre) et de se munir d’une brosse à réchampir (peu importe la nature des fibres).